Je m’appelle Hemeda, j’ai 17 ans et je viens d’Adali, un petit village isolé de la région de Tadjourah. J’avais seulement 7 ans quand ma vie a basculé. Ce jour-là, on m’a fait subir l’infibulation, une pratique encore très répandue dans nos régions rurales. Je me souviens de la souffrance insupportable, de mes cris étouffés et de ce sentiment d’injustice… Je n’étais qu’une enfant, mais on a brisé et volé une part de mon innocence.
Grandir avec cette blessure n’a pas été facile. Dans mon village, l’école est loin, les soins sont rares, et les traditions pèsent lourdement sur nos vies. Beaucoup de filles comme moi n’ont pas la possibilité de dire « non ». Nous subissons en silence, parce que c’est ce qu’attend la société. Mais au fond de moi, une voix me disait qu’il fallait que je parle, qu’il fallait que je lutte pour que d’autres petites filles ne vivent pas ce que j’ai vécu.
C’est grâce à la Mutuelle Communautaire d’Adali, mise en place avec l’appui de l’UNFPA, que j’ai trouvé cette force. Les mutuelles ont été créées pour rapprocher les soins des communautés rurales, promouvoir l’égalité de genre et soutenir les femmes dans leurs droits. Dans mon village, la mutuelle aide les femmes à accéder aux services de santé, accompagne les mères vers des accouchements sécurisés dans les structures sanitaires et mène des activités de sensibilisation contre les mutilations génitales féminines.
Aujourd’hui, je ne suis plus seulement une survivante. Je suis devenue une actrice du changement dans ma communauté. J’accompagne des femmes enceintes vers le centre de santé, je participe aux séances de sensibilisation organisées par la mutuelle, et je raconte mon histoire pour ouvrir les yeux des familles. Ce n’est pas facile : certains me critiquent, d’autres disent que je trahis nos traditions. Mais je continue, parce que je sais que ma voix peut sauver d’autres filles.
Je rêve d’un avenir où, dans les villages comme le mien, les filles pourront grandir libres, aller à l’école, accoucher sans danger, et vivre sans la peur de l’excision. J’ai 17 ans aujourd’hui, et malgré mon jeune âge, j’ai choisi de me lever pour défendre les autres.
Mon nom est Hemeda, et je suis la preuve qu’une fille, même issue du village le plus reculé, peut devenir la lumière du changement grâce à la solidarité communautaire et au soutien de l’UNFPA.