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Déclaration du Dr Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit

La violence sexuelle en temps de conflit constitue une menace pour notre sécurité collective, une violation du droit international et un poids immense sur la conscience de l’humanité. En tant qu’arme de guerre, elle soumet des femmes et des hommes, et déstabilise des sociétés tout entières.

La pandémie de la COVID-19 ne fait qu’aggraver ce problème, en perturbant l’accès aux services vitaux et au soutien dont les victimes ont besoin, et en les empêchant de signaler les cas de violence sexuelle.

L’UNFPA entend éliminer toutes les formes de violence basée sur le genre, dont la violence sexuelle en période de conflit, à l’horizon 2030. À cette fin, l’UNFPA et ses partenaires œuvrent à garantir la mise en place de systèmes d’orientation pour faciliter l’accès des victimes aux services de santé ; au soutien psychosocial ; à la sûreté et à la sécurité ; à la justice et à l’assistance juridique ; et au soutien socioéconomique. Les programmes de l’UNFPA visent également à prévenir et à atténuer les risques qui pèsent sur les femmes et les filles, et à répondre à leurs besoins spécifiques.

À cet effet, les interventions portent notamment sur la fourniture d’un accès à des soins de santé sexuelle et reproductive complets pour les victimes de violence sexuelle en période de conflit, ce qui est un droit fondamental. Le fait de les priver de ce droit peut avoir de graves conséquences : le décès de femmes et de nouveau-nés, des grossesses non désirées, des avortements à risque, la propagation du VIH, et l’impossibilité pour les victimes de viols de bénéficier des services et du soutien dont elles ont besoin pour guérir et se reconstruire.
L’UNFPA dirige également des actions visant à prévenir la violence sexuelle en période de conflit et à y répondre, en recueillant et en diffusant des données cruciales sur les personnes touchées par une crise, conformément à des normes de sécurité et d’éthique pour garantir la dignité, la sécurité et le respect des victimes.

Par exemple, au Bangladesh, l’UNFPA renforce la capacité des agents de santé à répondre à la violence basée sur le genre, notamment au bénéfice des victimes de violence sexuelle parmi les réfugiés Rohingya. Cette intervention comprend la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive, de santé mentale et de soutien psychosocial aux victimes, l’adaptation des filières d’orientation, et l’élaboration de directives relatives à l’orientation des victimes de violence basée sur le genre dans le cadre de la pandémie de la COVID-19.
Au Yémen, théâtre de la plus grande crise humanitaire du monde, les dispositifs de soutien des femmes et des filles ont atteint leurs limites, alors que la destruction des systèmes de protection les a rendues encore plus vulnérables à la violence et aux abus. Pour le seul mois de mars, l’UNFPA et ses partenaires ont offert des services de protection à plus de 71 000 femmes.  

Notre intervention ne doit pas seulement porter sur la fourniture de services de santé et de soutien psychosocial de qualité, mais aussi sur la justice et la réparation. Une action concertée est nécessaire pour faire en sorte que les auteurs de violences répondent de leurs actes. Au Soudan, l’UNFPA a soutenu la création de 40 bureaux consacrés aux questions de genre dans les commissariats de quatre États du Darfour, et appuyé la formation du personnel de la police, des procureurs et des travailleurs sociaux concernant les normes relatives aux droits fondamentaux dans le cadre de l’investigation et de la poursuite des actes de violence basée sur le genre, y compris de violence sexuelle. 

En avril dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2467, qui appelle les États membres des Nations Unies à s’engager à éliminer toutes les formes de violence sexuelle en période de conflit. La résolution a entériné une approche axée sur les victimes ; cependant, elle n’a pas reconnu la nécessité des services de santé sexuelle et reproductive pour les femmes victimes de violence en temps de crise. 

Un mois plus tard, des gouvernements, des organismes des Nations Unies et d’autres partenaires se sont réunis à Oslo pour réaffirmer le fait que toutes les organisations participant à des interventions humanitaires ont pour responsabilité de protéger les personnes touchées par des crises contre la violence sexuelle. L’UNFPA s’est engagé à collaborer avec tous les partenaires pour entretenir l’élan insufflé par la conférence d’Oslo, et s’assurer que toutes les promesses sont tenues.

Plus tôt dans l’année, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a prié instamment les parties à des conflits partout dans le monde à déposer leurs armes afin de soutenir la lutte contre la COVID-19, l’ennemi commun qui menace à présent toute l’humanité. Ce cessez-le-feu devrait inclure l’arrêt de la violence sexuelle. 

Alors que le monde poursuit son combat contre la COVID-19, l’UNFPA appelle tous les gouvernements et ses partenaires à donner la priorité à la lutte contre la violence sexuelle en temps de conflit et à ses conséquences sur les femmes et les filles.